« Il y a une infinité d'univers et de mondes, parallèles les uns aux autres. Des mondes comme le vôtre, où l'âme des gens fait partie intégrante de leur corps. Et des mondes comme le mien, où l'âme est une manifestation animal, qui vit à nos côtés et que nous appelons notre Daemon. Tant de mondes diffèrents, qui sont tous reliés entre eux par la Poussière. Les érudits fabriquèrent des instruments utilisant cette poussière, afin de voir. De connaître tout ce qui pouvait leur être dissimulé. Mais le pouvoir en place, craignant toutes vérités hormis la sienne, fit détruire ces instruments. Et même interdire formellement l'évocation de la Poussière. Cette Organisation toute puissante désirant assoir ses visions et ses règles, on la nomme la Dei Scola. En soit, l'école de Dieu. »

Ses petites chaussures frappent le sol avec une violence subtilement maîtrisée. Elle court la petite sotte, elle se dit très certainement que la chance lui sourira une dernière fois. Que ce monde complètement fou, lui viendra en aide. Qu’un Dieu doit maîtriser cet ensemble terriblement dégénéré, et que de sa profonde miséricorde en découlera un pardon à la dette raisonnable. « Every day and night. Every day and night. » C’est amusant, car rien n’émanera de bon cette nuit. Le glaive divin va frapper, et la stupide ingénue va bientôt sentir sa tête se détacher de sa carcasse pourrie. Et ce, pour venir claquer le béton solidement énamouré de la ruelle oxfordienne. Terre d’exile pour ceux que l’on a oublié. Pour ceux que l’on appelle les damnés. Un battement d’ailes arrache le vent désordonné. Un crie strident déchire l’atmosphère. La folie explose littéralement. Tourbillon enivrant, voilà qu’une odeur de sang transperce l’univers, que l’innocence s’éteint. Les cheveux blond de la gentille salope virevoltent, dansent, et s’écroulent dans une cascade lumineuse. Son daemon avait flairé le danger, mais comme d’habitude, elle ne l’a pas écouté. « And everything you feel is alright. » Il apparaît un soupçon de musique, une douce et rageuse symphonie. La sage enfant chante pour son bel apollon aux dents acérées, aux yeux enchanteurs et à la peau de porcelaine. Véritable immondice, que l’on ne distingue pas vraiment. Tantôt ange, ou démon ? Monstre assoiffé, étouffant et essoufflé. « It's alright, it's alright, it's alright, it's alright. »

Le rouge, devient pourpre, violet, vert et rose. Psychédélique et délicieux, la pénombre permet de voir ce que l’on veut, et d’un seul claquement de doigt le drame se transforme en chef d’œuvre. Couché de soleil pour certain. Assouvissement de fantasme pour d’autre. La vie en ce bas et sadique cosmos ne vaut pas plus qu’un paquet de bonnes clopes. « And yr shouting. More crackers please, more crackers please. You want what you want but you don't wanna be on yr knees .» Oxford. Cœur secret et maléfique d’un monde souffrant, à l’allure fière d’un début 19ème. Ville constamment plongée dans une noirceur déconcertante, dû à la vapeur et au charbon. Un endroit magique où les monstres et les dieux font des affaires ou s'octroient des plaisirs qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Ces débiles titres, ils se les sont appropriés en toute impunité. La Dei Scola a assis son autorité et personne n'ose désormais se dressait face aux grands dirigeants. Les Eminences sont pour certains des érudits, pour d'autres de grands manipulateurs. Et parfois, les deux en même temps. Maîtres et esclaves se mélangent, mais finalement, Hommes avant tout, ils demeureront pitoyablement. Les créatures, enfantés par l'Ecole, vous sont dévoilées sans artifices ni pudeurs. Traqueurs, chuchotent les étoiles. Dans Oxford, c’est bien simple, la loi du plus futé domine. Et l'autorité, si tant est qu’ elle existe, marche au fric. La vengeance est un plat qui se mange froid nous raconte narquoisement le proverbe. Bien, nous seront forcé de le croire. Les macchabées ont assez attendu, et désirent faire entendre leur voix. Mais chut ! C'est un secret. Mort aux menteurs crie la Dei Scola. Ce sera donc chose faite, n'est-ce pas ?